mercredi 18 décembre 2013

Love me, please, love me... #OuPas

"Everybody's gonna love today, love today, love today. Everybody's gonna love today. Anyway you want to, anyway you've got to, love love me, love love me" (Love today, Mika)
(Tout le monde va devoir aimer aujourd'hui, aimer aujourd'hui, aimer aujourd'hui. Tout le monde va devoir aimer aujourd'hui. De la manière que vous voudrez, de toute façon vous devrez m'aimer, m'aimer, m'aimer)

Il y a eu sur Twitter quelques débats passionnés sur ce que devrait être l'enseignement de la médecine.
Je ne parle pas seulement de la médecine générale, mais de la Médecine à l'Université, avec un grand "M" et un grand "U".
Débats passionnés, chacun ayant des positions bien tranchées, persuadés, moi le premier sans doute, de détenir une part de vérité, sinon "LA" vérité.

Nous ne nous comprenons pas visiblement.
Je suis partisan d'un enseignement de la Médecine sous tous ses aspects dès le "plus jeune âge". Comprenez : il faut un enseignement riche et varié aux étudiants avant qu'ils ne choisissent leur spécialité. Dans cet enseignement il faut de la médecine générale bien sûr, mais pas que cela. Il faut toutes les spécialités, sans exception.

Car les patients que nous soignons tous (tous les médecins peu importe leur spécialité) proviennent d'un même endroit : leur vie. Certains patients auront des pathologies relevant des spécialistes dits "d'organe", d'autres relevant des spécialistes en médecine générale, d'autres relevant des deux. Il y aura même des patients sans pathologie.
L'objectif de cet enseignement avant le choix de cette spécialité n'est PAS de faire aimer une spécialité plus qu'une autre, mais bien de faire connaître toutes les spécialités pour les approfondir une fois le choix fait en fin de 6ème année.

Comment faire pour en parler sans s'enflammer ? Comment réussir à trouver une position commune ? Allez, je me risque avec un petit parallèle.

"Et je voudrais pouvoir un jour enfin te le dire, te l' écrire dans la langue de Shakespeare" (Formidable, Charles Aznavour)

D'abord apprendre l'anglais pour ensuite le maîtriser.
Mais apprendre l'anglais, c'est quoi ?
Apprendre à parler l'anglais ou le lire ? Apprendre l'anglais courant, l'anglais des rues, ou l'anglais littéraire ?

Vous trouverez ceux qui vous diront qu'on n'apprend l'anglais qu'en lisant Shakespeare, en en comprenant les subtilités du langage et l'utilisation du vocabulaire. Que toute autre forme d'apprentissage de l'anglais ne serait, au mieux que pure bêtise, au pire, que perte de temps.
(Mais apprenez l'anglais Shakespearien et partez en pays anglophone. Je doute que cela vous serve à commander votre plat au restaurant, ou à avoir une conversation avec un autochtone)

Vous trouverez ceux qui vous diront qu'on n'apprend vraiment l'anglais qu'en apprenant l'anglais courant, ses expressions, son vocabulaire particulier, parfois familier, et ses tournures de phrases qui ne sont utilisées qu'à l'oral.
(Mais apprenez cet anglais et vous ne pourrez pas prendre plaisir à lire Shakespeare ou tout autre œuvre de la littérature anglaise)

Vous trouverez ceux qui vous diront que de toute façon, l'anglais Shakespearien est la base. Que tout n'est ensuite que déclinaison, contraction de phrases et adaptation à la langue parlée. Qu'il faut se concentrer sur cet apprentissage plus noble, parce qu'il vaut plus que l'anglais courant.
Ajoutez ceux qui vous diront qu'il faut absolument apprendre cette base, ne serait-ce que pour pouvoir parler et se faire comprendre lorsqu'on s'adresse à des Shakespeariens pur souche.
(Je n'aime pas cette façon de penser : elle met une hiérarchie là où on parle d'une seule et même chose : l'anglais. Et puis, apprendre le Shakespearien juste pour avoir l'air moins bête en société, c'est se tromper de raison et de motivation d'apprendre le Shakespearien).

Vous trouverez ceux qui vous diront que l'anglais Shakespearien, ce n'est pas la vraie vie. Que ce n'est qu'une infime partie de l'anglais. Certes elle est intéressante, certes on peut s'en servir parfois, mais l'anglais courant fait partie d'un monde complètement différent.
(Je n'aime pas cette façon de penser non plus, car elle est aussi extrémiste que la précédente, en dénigrant les Shakespeariens).

Et vous trouverez ceux, dont je fais volontiers partie qui disent autre chose. Qu'il faut apprendre l'anglais courant, en partie. Qu'il faut apprendre l'anglais Shakespearien, en partie. Et qu'arrivé à un certain niveau d'apprentissage, laisser le choix à celui qui veut apprendre : poursuivre et approfondir l'anglais courant ou l'anglais Shakespearien. Un choix en toute connaissance de cause. Un choix volontaire.
Le Shakespearien diplômé n'oubliant jamais totalement l'anglais courant, et le diplômé en anglais courant ayant des notions de Shakespearien.

Tous au service de la même chose : l'anglais.
Tous dans le même but : parler, interagir avec les autres. Améliorer les échanges.

"Et Alors ? Mais qu'est-ce que ça te fait, si je n'aime pas les protocoles, les idées fixes, les copier coller." (Et Alors, Shy'm)

Shy'm en fin d'un post sérieux ? Vraiment ??
La vraie musique c'est la musique classique, ou les grands compositeurs. Le reste n'est qu'une déclinaison, au mieux maladroite, au pire grotesque de cette musique noble.
A moins qu'on ne me laisse la possibilité d'aimer les deux, et de m'enrichir de la connaissance de toute la Musique ?

5 commentaires:

  1. Intéressante comparaison qui ne va convaincre les protagonistes du fight twiterrale.
    Un point, il me semble très difficile en 4 ans de tout montrer sauf à faire des choix très courts qui ressemblent à des stages d'observations. Je crois plus en des stages longs qui font s'immerger l'étudiant dans son terrain de stage quel qu'il soit.
    La seule chose importante est de voir des patients et beaucoup et des qui vont pas bien et des qui dépriment et des qui puent et des avec des boutons, et des qui parlent pas français pour savoir si on pourra faire ce métier avec plaisir pendant longtemps. A mon avis on le sait vite. Le reste n'est que littérature, il n'y a pas qu'une manière d'apprendre heureusement, mais la plus simple est de voir des gens malades et beaucoup.

    RépondreSupprimer
  2. Je trouve ton idée intéressante, le parallèle avec l'anglais est assez parlant. Je suis d'accord avec toi sur le principe d'enseigner la MG plus tôt dans le cursus. Je pense aussi que l'enseignement ne devrait pas être uniquement délivré par des médecins, s'ouvrir à d'autres enseignants serait bénéfique (style anthropologue, assoc de patients, etc... je sais ça peut sembler bizarre mais j'y crois). On va me dire qu'il faudrait plus de temps. Pas forcément, moi j'ai perdu du temps avec certains enseignements, je ne serais pas étonné qu'on puisse gratter du temps sur les trucs inutiles. PUautomne dit que la manière la + simple d'apprendre la médecine est de voir beaucoup de gens malades. Sans doute pour un médecin hospitalier. Mais un médecin généraliste voit des patients, ce qui est différent pour moi des malades. D'où le problème.
    Il y a aussi le difficile problème de la sélection qui ne sélectionne pas forcément de la meilleure façon.
    Enfin, le choix musical ! Moi je n'oserais pas critiquer. Mais comme certains semblent parfois te reprocher ton côté Bisounours, alors balance un peu de Sépultura ou autres vociférateurs, ça les calmera :-)

    RépondreSupprimer
  3. Les Médecins sont des spécialistes des Maladies ( avec le bémol des biais des publications scientifiques), c'est très peu comme enseignement. Ils doivent apprendre à être des individus ("un honnête homme"), à être des spécialistes de l' être Humain, de l'être Humain malade ou ayant peur de l'être, de la relation à l'autre, de la relation singulière à ce patient-là. La formation minimale indispensable (la moindre des choses) doit comprendre la pensée critique, la philosophie et l'éthique du soin, la psychologie, le contact avec les arts et la littérature, la communication orale et numérique, la sémantique médicale, le droit des patients, une réflexion à l'accès au soin des patients précaires, et bien sûr l'indépendance de l'acquisition et de l'actualisation du savoir scientifique et la fluidité des échanges numériques avec les pairs (catalogue non exhaustif qui pourrait susciter une réflexion nationale...)

    RépondreSupprimer
  4. A mon avis (de petit étudiant en 3ème année de médecine surement encore bien naïf), il y a du bon à apprendre partout. A l'hôpital, certes, mais ailleurs aussi. Parce qu'il est vrai qu'un patient qui se déplace pour rencontrer son généraliste, son psychiatre, ou son cardiologue de ville, ce n'est pas tout à fait pareil que le patient qui arrive aux urgences et qu'on adresse à tel ou tel service. Si on veut prétendre que l'ENC permet de devenir "médecin" et pas "docteur", l'étudiant doit, selon moi, avoir acquis un peu de tout, des bases solides, pas seulement pour diagnostiquer des maladies (mais quand même bien sûr !), mais aussi (et surtout ?) tout un socle humaniste (qui, il me semble, fait partie intégrante de la panoplie de médecin ... enfin, personnellement, c'est pour ça que j'ai signé, on m'aurait menti ?). Cela se traduit par des capacités relationnelles avec le malade, son entourage, et l'équipe soignante, entre autres. Cela veut dire aussi un brin de psycho, d'éthique et de droit. Cela veut en effet que d'autres intervenants que des médecins et des chercheurs viennent apprendre aux étudiants. Alors oui, actuellement, l'ECN s'en contrefiche un peu de l'humain qui fait le médecin. N'empêche qu'être le premier classé à l'ECN, ça me paraît génial. Être un médecin qui, quand il sort de la chambre du patient ou quand il quitte le service, il y a des gens pour dire "ça, c'est un bon médecin" et pour le ressentir vraiment, ça me paraît encore plus beau. Mais c'est un avis purement personnel.
    La question du mode d'apprentissage se pose. Il est vrai que certains médecins ont une attirance pour la recherche et l'aspect scientifique du métier, et seront d'excellents diagnosticiens et chercheurs. D'autres ont une affection plus particulière pour l'aspect humain du métier. L'apprentissage devrait pouvoir laisser le choix aux étudiants. Leur donner un peu de chaque, mais que chacun puisse approfondir dans le domaine qu'il préfère. D'où l'intérêt, je crois, de suggérer certains apprentissages innovant (rencontre avec anthropologue, sociologues, psychologues, associations de patient, etc.) plutôt que de les imposer. De même, lâcher un peu les étudiants avec la nécessité de valider un master en parallèle à leur cursus, parce que ça fait "science". De l'équilibre, comme partout. Un peu de Shakespear, un peu d'anglais commun, ensuite, chacun fait sa lecture ;)

    RépondreSupprimer
  5. Je viens d'un autre monde (l'informatique) et je suis en contact ténu avec la médecine (ma femme est sage-femme) mais la transposition avec l'anglais me parle particulièrement.
    Typiquement, je lis et j'écris un anglais "technique" et je parle lorsque nécessaire un anglais "courant".
    Cet exercice schyzophrénique est nécessaire par /ma/ réalité des choses mais peut-être en va-t-il de même pour la médecine,

    RépondreSupprimer