Radios et hauts-parleurs, des chaînes par milliers.
Et passent les rumeurs, promis craché juré, certifié, officiel" (C'est pas vrai, Jean-Jacques Goldman)
"Les jeunes médecins ne veulent plus s'installer..."
"Etudiants en médecine, si vous travaillez mal, vous finirez généralistes. Et si vous travaillez très mal, vous finirez généraliste dans la Creuse..."
Combien d'idées reçues, de fausses idées continueront à être colportées ? Combien de temps encore ?
Faudra-t-il attendre que tous les généralistes se soient découragés ?
Faut-il attendre d'être #PrivésDeMG pour enfin faire quelque chose ?
Je ne veux pas y croire.
Je ne veux pas rester sans rien faire.
Je ne suis pas le seul. Nous sommes une petite centaine aujourd'hui.
Nous ne réclamons pas d'être payé plus. Mais de pouvoir soigner mieux...
Nous avons des idées concrètes, mais le temps presse. Les voici :
Médecine
générale :
dernier arrêt avant le désert
Comment sauver la médecine générale en France et
assurer des soins primaires de qualité répartis sur tout le territoire ?
Certains d’entre nous avaient fait en 2012, un certain nombre de propositions dans
le cadre de l’opération #PrivésDeDéserts.
Marisol Touraine présente ce lundi sa Stratégie
nationale de santé. Cet évènement constitue l'occasion de nous rappeler à
son bon souvenir, rappel motivé par l'extraordinaire enthousiasme qui avait
accompagné nos propositions (voir plus bas les 600 commentaires) dont aucune
n'a été reprise par la Ministre.
Nos idées sont concrètes et réalistes pour assurer
l'avenir de la médecine générale et au-delà, des soins primaires de demain.
Notre objectif est de concilier des soins de qualité,
l’éthique de notre profession, et les impératifs budgétaires actuels.
Voici une synthèse de ces propositions.
Sortir du modèle
centré sur l’Hôpital
Depuis des décennies, l’exercice de la médecine
ambulatoire est marginalisé, privé d’enseignants, coupé des étudiants en
médecine. La médecine hospitalière et salariée est devenue une norme pour les
étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à
délaisser de plus en plus un exercice ambulatoire qu’ils n’ont jamais (ou si
peu) rencontré pendant leurs études.
Cette anomalie explique en grande partie les
difficultés actuelles. Si l’hôpital reste le lieu privilégié d’excellence, de
recherche et de formation pour les soins hospitaliers, il ne peut revendiquer le
monopole de la formation universitaire. La médecine générale, comme la médecine
ambulatoire, doivent disposer d’unités de recherche et de formation universitaires
spécifiques, là où nos métiers sont pratiqués, c'est-à-dire en ville et non à
l’hôpital.
La formation universitaire actuelle, pratiquée
quasi-exclusivement à l’hôpital, fabrique logiquement des hospitaliers. Pour
sortir de ce cercle vicieux, il nous semble nécessaire de réformer
profondément la formation initiale des étudiants en médecine.
Cette réforme aura un double effet :
- Rendre ses lettres de noblesse à la médecine
« de ville » et attirer les étudiants vers ce mode d’exercice. Nous ne pouvons
reprocher aux étudiants en médecine de ne pas choisir une spécialité qu’ils ne
connaissent pas.
- Apporter des effectifs importants de
médecins immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.
Il n’est pas question dans ces propositions de mesures
coercitives aussi injustes qu’inapplicables contraignant de jeunes
médecins à s’installer dans des secteurs déterminés par une tutelle sanitaire.
Toute mesure visant à obliger les jeunes médecins
généralistes à s’installer en zone déficitaire aura un effet repoussoir majeur.
Elle ne fera qu’accentuer la désaffection pour la médecine générale, poussant
les jeunes générations vers des offres salariées (nombreuses), voire vers un
exercice à l’étranger.
Une véritable modernisation de la formation des
médecins est nécessaire. Il s’agit d’un rattrapage accéléré d’opportunités
manquées depuis 50 ans par méconnaissance de la réalité du terrain. Si la
réforme Debré de 1958 a créé les CHU (Centres Hospitaliers et Universitaires),
elle a négligé la création de pôles universitaires d’excellence, de recherche
et de formation en médecine générale. Ces pôles existent dans d’autres pays,
réputés pour la qualité et le coût modéré de leur système de soins.
Idées-forces
Les principales propositions des médecins généralistes
blogueurs sont résumées ci-dessous. Elles sont applicables rapidement.
- Enseignement
de la Médecine Générale par des Médecins Généralistes, dès le début des
études médicales
- Construction
par les
collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé
pluridisciplinaires qui deviennent aussi des maisons médicales de
garde pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les
professionnels de santé locaux.
- Décentralisation
universitaire qui
rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital :
Ces maisons de santé se voient attribuer un statut
universitaire. Elles hébergent des externes, des internes et des chefs de
clinique (3000 créations de postes). Elles deviennent des MUSt : Maisons
Universitaires de Santé qui constituent l’équivalent du CHU pour la
médecine de ville.
- Attractivité
de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et
d’y enseigner :
Statut d’enseignant universitaire avec rémunération
spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle
à l’activité.
- Création
d’un nouveau métier de la santé : “Agent de gestion et d’interfaçage de
MUSt” (AGI).
Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt,
les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les
tiers payants. De façon générale, les AGI gèrent toute l’activité
administrative liée à la MUSt et à son activité de soin. Ce métier est
distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt. Les nouveaux
postes d’AGI pourraient être pourvus grâce au reclassement des visiteurs
médicaux qui le souhaiteraient, après l’interdiction de cette activité. Ces
personnels trouveraient là un emploi plus utile et plus prestigieux que leur
actuelle activité commerciale. Il s’agirait d’une solution humainement responsable.
Il ne s'agit en aucun cas de jeter l'opprobre sur les personnes exerçant cette
profession.
- Les «
chèques-emploi médecin »
Une solution innovante complémentaire à la création du
métier d’AGI pourrait résider dans la création de « chèques-emploi » financés à
parts égales par les médecins volontaires et par les caisses.
Il s’agit d’un moyen de paiement simplifié de
prestataires de services (AGI, secrétaires, personnel d’entretien). Il
libérerait des tâches administratives les médecins isolés qui y passent un
temps considérable, sans les contraindre à se transformer en employeur, statut
qui repousse beaucoup de jeunes médecins.
Nos propositions et nos visions de l’avenir de la
Médecine Générale, postées simultanément par l'ensemble
des 86 participants, sur nos blogs et comptes Twitter,
le 23 septembre 2013, sont des idées simples, réalistes et réalisables, et
n'induisent pas de surcoût excessif pour les budgets sociaux.
L’ensemble des besoins de financement sur 15 ans ne
dépasse pas ceux du Plan Cancer ou du Plan Alzheimer ; il nous semble que la
démographie médicale est un objectif sanitaire d’une importance tout à fait
comparable à celle de la lutte contre ces deux maladies.
Ce ne sont pas des augmentations d’honoraires que nous
demandons, mais des réallocations de moyens et de ressources pour rendre son
attractivité à l’exercice libéral.
Les participants à l'opération (Noms
ou Pseudos Twitter) :
Les commentaires de soutien de
décembre 2012
Comment ne pas être ébranlé par les centaines de
commentaires enthousiastes de jeunes médecins, de professionnels de santé ou de
patients face à nos propositions ? Pourquoi ne pas aider les jeunes médecins à
la fois à réaliser leurs rêves et à se mettre efficacement au service de la
santé des Français ?
Les propositions de réforme de la médecine générale
des 24 médecins blogueurs ont reçu plus de 1000 signatures de
soutien.
Vous pouvez retrouver une grande partie de ces commentaires sur le blog dédié à cet effet, à la suite de la copie du texte que vous venez de lire