samedi 4 janvier 2014

Ordinairement anormal

"Miguel, Farid, Marcel, David, Keïko, Solal, Antonio, Pascual. Tout le monde il est beau, Tout le monde il est beau" (Tout le monde il est beau, Zazie)

Matthiace
Remy (sans accent)
Djezon (prononcez comme Jason)

Parfois, je me demande ce qui pousse certains parents à vouloir coûte que coûte offrir un prénom à leur enfant avec une orthographe originale (pour ne pas dire farfelue).

Bon, d'accord, je suis peut être mal placé pour dire ça. Mon prénom s'écrit avec deux t.
Tout simplement parce que sur le calendrier, Saint Matthieu s'écrit avec deux t (oui oui, mes parents ont vérifié avant de me donner ce prénom).
Du coup, j'insiste pour avoir mes deux t quand on écrit mon prénom.

"Avec un h ?"
Ben, oui, aussi... pourquoi, ça s'écrit sans ??

Bref, j'ai trop souvent l'impression qu'on veut rendre un enfant extraordinaire en lui donnant un nom ordinaire avec une orthographe improbable hors du commun.

"Etre à la hauteur, de ce qu'on vous demande, ce que les autres attendent. Et surmonter sa peur d'être à la hauteur du commun des mortels. Pour chaque jour répondre a l'appel et avoir à coeur d'être à la hauteur" (Etre à la hauteur, Le Roi Soleil)

J'imagine la pression sur les pauvres enfants.
"Nan mais, toi, t'es pas juste Matthias. T'es Matthiace. Tu es promis à un grand destin"

Mais oui, quand on est gamins, on veut tous être des super héros. Moi je rêvais d'être Superman, voler, avoir des rayons laser qui me sortent des yeux...
Puis j'ai compris que le slip rouge moulant n'était pas seyant grandi.

En grandissant, on se rend compte qu'on est ordinaires. Dans le bon sens du terme.
Mais comment faire si on a reçu une pression de performance "Tu es promis à un grand destin" et qu'on se rend compte trop tard qu'on est juste un être humain ?

"Cause were only human, oh yes we are, only human. If its our only excuse, do you think well keep on being only human? Oh yes we are, only human, so far, so far" (Only human, Jason Mraz)
(Parce que nous ne sommes qu'humains, oh oui, juste humains. Si c'est notre seule excuse, pensez-vous qu'on continuera à n'être que juste humains ? Oh oui, nous sommes juste humains, jusqu'à présent)

Donc si nous ne sommes qu'humains, nous appartenons normalement tous à la même tribu.
Et comme nous avons tous besoin d'être rassurés, de se dire qu'on va bien, peut-être même de se sentir vivants, on va chercher à être normaux.
Mais la normalité, c'est quoi ?
C'est être pareil que 95% des gens comme on le dit souvent en statistique ? Mais les 5 autres pourcents, ils sont quoi ? Anormaux alors ?

J'ai les yeux bleu-vert-gris (ouais, un mélange de couleur, c'est pas normal ça).
J'ai la peau blanche.
Donc, dans le nord de la France, je suis normal. Ouf !
Et si je vais en Afrique équatoriale, les humains ont la peau noire, et les yeux marrons. Donc, je serai anormal en Afrique ?
Donc, on peut être différents et rester normaux ?


Tout comme les patients qui viennent me voir en consultation pour me dire que "c'est pas normal d'être tout le temps fatigué en hiver" ou que "c'est pas normal que notre petit bonhomme d'un an tousse toute la nuit".
Il faut alors expliquer que, si, c'est normal.
C'est pas marrant, c'est pas sympa si ça arrive en vacances, le soir du réveillon, le jour du baptême ou le jour du mariage, mais bon... c'est normal, nous sommes humains.

Il y a trop souvent cette confusion entre la normalité et l'ordinaire de la vie d'un humain. Ordinairement, en hiver, les humains sont plus souvent malades : grippe, gastro-entérite...
Zut, j'aurais bien aimé être extraordinaire de ce point de vue là !
Mais du coup, extraordinaire et anormal ?

Déjà que je fais de la musique sans jamais avoir mis les pieds dans une école de musique, que je ne suis absolument pas passionné par les bagnoles qui roulent vite, et qu'en plus j'ai horreur de bricoler, mais adore cuisiner, ça m'en fait des raisons de ne pas être un homme normal.

"But I won't cry for yesterday, there's an ordinary world somehow I have to find. And as I try to make my way to the ordinary world I will learn to survive" (Ordinairy world, Duran Duran)
(Mais je ne pleurerai pas pour hier, il y a un monde ordinaire que je dois trouver d'une façon ou d'une autre. Et plus j'essaierai de tracer mon chemin vers ce monde ordinaire, plus j'apprendrai à survivre)

Voilà. C'est dit.
Avancer en étant normal. Ou anormal.
Ordinaire ou Extraordinaire.

Mais être soi. Sans oublier qu'on est humain, qu'on a besoin de manger, dormir, respirer, aller aux toilettes, bouger, rire... tout en continuant à faire des choses pas forcément normales juste parce que tout le monde ne les fait pas. Mais ils font d'autres choses et on se complète plutôt pas mal à partir du moment où on respecte l'anormalité de l'autre.
Un humain ordinairement anormal.

Dommage, je suis sûr que ça doit être trop cool d'avoir des rayons laser qui sortent des yeux. Même avec un slip rouge moulant.

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