(N'abandonne pas, car tu as des amis. N'abandonne pas, tu n'es pas le seul. N'abandonne pas, tu n'as pas à avoir honte. N'abandonne pas, tu nous as toujours. N'abandonne pas, nous sommes fier de toi. N'abandonne pas, tu sais que cela n'a jamais été facile)
Pas contre le système, pas contre les politiques, pas contre les patients.
Contre nous. Oui, nous. Les Médecins Généralistes.
Et plus précisément certains présents sur Twitter, même s'ils sont des amis proches.
La situation de la profession n'est pas rose, loin de là. Toutes les études le montrent.
Les pouvoirs publics semblent parfois embourbés dans des réformes qu'ils ont du mal à appliquer, et qui se soldent trop souvent par de nouvelles contraintes.
Certains collègues ont déjà abandonné. Je n'ai pas envie de les rejoindre sur ce terrain.
Mes engagements m'amènent à avoir des réunions auprès de nos Ministres de tutelle (ou parce que pour simplifier la chose, nous avons un Ministère qui gère la santé, et un autre qui gère la façon dont la médecine est enseignée pour pouvoir ensuite entrer dans le monde de la santé).
Jusqu'à présent il était habituel de voir l'un et l'autre se renvoyer la balle, avec le refrain facile du "ah mais ce point précis ne dépend pas de moi..." et la partie de ping-pong qui aboutit bien souvent à ne jamais prendre de décision.
Je ne souhaite pas ici rentrer dans des considérations politiciennes, ce n'est pas mon but, et je ne souhaite pas que ces propos puissent être récupérés comme cela.
Je note juste qu'à ne jamais perdre espoir de voir les deux Ministères discuter ensemble, le même jour, au même endroit, avec les représentants des MG futurs, présents et enseignants, cette rencontre a fini par voir le jour.
Tout ce qui y a été dit s'annonce prometteur, et signe d'une éclaircie dans un ciel sombre jusqu'ici.
Je ne suis pas dupe, il faudra passer de la parole aux actes, mais nous sommes plusieurs à avoir entendu ce discours et veillerons, j'en suis sûr, à le voir se concrétiser.
Eternel optimiste je suis. Eternel optimiste je veux rester...
Mais c'est un sentiment loin d'être partagé par mes collègues.
Je ne peux nier que certains aient été échaudés. Je ne peux nier qu'ils essaient juste amicalement de me mettre en garde.
"J'veux juste aller mal et y'a pas d'mal à ça, traîner, manger que dalle, écouter Barbara" (Non, non, non (écouter Barbara), Camélia Jordana)
C'est l'impression que j'ai.
"Nous allons mal, et rien de changera jamais. Fin de la discussion"
Ca sert à quoi alors, de chercher à faire bouger les lignes ?
Si je m'étais cantonné à cela, je n'aurais pas cherché à établir un dialogue au sein de ma faculté de médecine, avec les plus hauts dirigeants.
On me disait que ce n'était pas la peine. Pire, c'était peine perdue.
Je n'ai jamais trouvé porte close pourtant.
J'ai défendu mes positions, nous avons trouvé des terrains d'entente.
Tout n'est pas devenu rose du jour au lendemain, mais il y a quelques éclaircies dans un ciel qui était annoncé comme "gris sans espoir".
"J'ai bien fait des pieds et des mains pour éviter qu'au petit matin, sans exception depuis des mois tu ne te lèves de ce pied-là" (Des pieds et des mains, Lynda Lemay)
J'ai récemment participé à l'enregistrement du Magazine de la Santé.
Outre le fait de voir le sourire de mes zèbres quand leur père était à l'écran, outre le plaisir sincère et enthousiaste que j'ai pris à y participer, outre le stress qui était le mien de découvrir des questions auxquelles je ne m'attendais pas du tout, je garde un excellent souvenir de cette expérience.
J'y suis allé en tant que médecin généraliste pour répondre à des questions de médecine générale.
Alors, oui, le médecin généraliste ne fait pas que des petits bobos dans sa vie, et je suis le premier à le dire.
Mais Rome ne s'est pas faite en un jour.
Il nous faut construire petit à petit notre présence et nous faire reconnaître pour ce que nous sommes : des professionnels des soins primaires, compétents dans beaucoup de domaines.
Nous n'avons pas à rougir de ce que nous sommes, ni à nous cantonner à une simple spécialité d'exercice.
Mais je refuse que nous fassions la fine bouche, partout, tout le temps, pour tout.
Je refuse qu'on n'aille pas répondre à des questions sur "que faire avant de partir en vacances", sous prétexte que "ce n'est pas assez noble pour nous".
Un pas à la fois.
Nous gagnons et gagnerons nos lettres de noblesse.
Nous parlerons un jour des choses à faire avant de partir en vacances. Et de tout le reste.
Mettons le pied pour coincer la porte entrouverte, et ne jamais la laisser se refermer.