"Faut qu'j'travaille, mais je ne veux pas qu'on m'pousse non, non, j'sais ce que j'ai à faire" (Faut qu'j'travaille, Princesse Erika)
Est-ce
que j'entre dans une période vieux con aigri (non, je le suis déjà) ou est-ce une simple réflexion ? On va
dire que c'est juste un billet de blog "normal".
Avez-vous
remarqué l'évolution hyper nombriliste et égocentrique du monde qui nous
entoure ?
"Non
mais MOI docteur, quand j'appelle, vous savez que c'est important"
"Non mais je
sais ce qui est bon pour moi alors faites ce que je dis"
"Ça se passe
mal à l'école mais c'est de la faute de l'enseignant/enseignante"
Autant
de phrases entendues dans tellement d'occasions différentes. Seul
point commun : "je" suis un être différent et exceptionnel et "Je"
mérite à ce titre toute la considération du monde.
Et
cela commence dès le plus jeune âge. L'enfant au centre de l'attention a été une
réelle évolution dans le bien-être de nos chères petites têtes blondes... ou rousses ... ou brunes.
Mais
l'être humain étant sans cesse dans l'excès, de l'enfant centre de l'attention, nos
avons évolué vers l'enfant Roi, dictateur à qui on ne peut dire non.
Les
publicitaires l'ont bien compris. Tantôt c'est l'enfant qui choisit le modèle
de la nouvelle voiture, tantôt il est celui qui décide de ce qui se retrouvera dans l'assiette, voire il est celui qui ridiculise ses parents en les manipulant au
petit déjeuner afin de pouvoir sortir alors qu'il en a été privé.
Le
mouvement de balancier perpétuel. "Il est interdit d'interdire" a
laissé la place à une société trop paternaliste qui elle-même laisse place à une société où refus et frustration ne sont pas autorisés.
Les
enfants grandissent dans un environnent qui leur laisse croire qu'ils sont les
meilleurs au monde. L'arrogance fait partie de leur disque dur. Et les médias en
rajoutent à coups de téléréalité ou de talk-show jouant au concours de qui
dénigrera le mieux l'autre.
Fini
le goût de l'effort et de la récompense pour un long travail mené à bien. Il
faut tout. Tout de suite. Et sans effort. Gagner 5000 € par mois en travaillant 20 heures par semaine,
à des horaires choisis et surtout pas imposés.
La
génération enfant roi migre vers une génération adulte roi...
Sauf
que le monde du travail n'est pas comme cela actuellement. Est-ce qu'il va évoluer et
s'adapter ou est-ce que ces jeunes adultes vont subir de plein fouet un retour
brutal à la réalité ?
"Ceux
que l'on met an monde ne nous appartiennent pas. C'est ce que l'on nous montre,
et c'est ce que l'on croit. Ils ont une vie à vivre, on n'peut pas dessiner les chemins qu'ils vont suivre ils devront décider" (Ceux que l'on met au monde,
Lynda Lemay)
Parfois
je m'interroge. Sur la vie, en général, la mienne en particulier. Mais
aussi souvent sur l'éducation transmise à mes enfants. Je pense être/avoir été un père à la fois sévère mais proche d'eux. J'aime quand ils me chambrent, et ils ne s'en privent pas.
Je
suis fier des adultes qu'ils sont devenus ou deviennent mais me dis parfois
qu'ils doivent passer pour des extraterrestres auprès de leurs camarades.
Ils
travaillent, régulièrement, beaucoup, connaissent succès et échecs. Mais gardent
ce goût du "j'y ai passé du temps mais j'ai réussi". De la à les
qualifier d'inadaptés à la majorité du monde qui les entoure, il y a un pas que
je ne peux (veux) franchir.
Est-ce
que finalement ce ne serait pas une chance pour eux d'avoir eu des parents comme ils ont eu ? Est-ce qu'on ne les aurait pas mieux préparés au monde du travail, leur permettant ainsi d'obtenir plus facilement que d'autres le travail de leur choix, car ils ne reculeront pas devant l'effort pour y arriver ?
Ou est-ce simplement une façon de se rassurer quand on est parent, en se disant qu'on a fait ce qu'il fallait ?
Pire encore : ne serait-ce pas une façon de faire ce que je reprochais aux autres parents au début de ce billet ?
"C'est ta chance, ta force, ta dissonance. Faudra remplacer tous les "pas de chance" par de l'intelligence. C'est ta chance, pas le choix. C'est ta chance, ta source, ta dissidence. Toujours prouver deux fois plus que les autres assoupis d'évidence, ta puissance naîtra là" (C'est ta chance, Jean-Jacques Goldman)
Travaillez bien mes zèbres. Je suis fier de vous. Et pour le reste : bonne chance.
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