jeudi 15 août 2013

MOOC HRP258

"On oublie tout, tous les barrages qui nous empêchaient d'exister. Tous les vents du large sont déchaînés, tous les vents, et ça m'fait avancer" (Une autre histoire, Gérard Blanc)

MOOC.
Késako ? Je ne connaissais pas forcément cet acronyme il y a encore peu de temps.
Massive Open Online Course que l'on peut traduire par cours en ligne ouverts au plus grand nombre.

Pour moi, les cours étaient tels que je les ai toujours connus : en amphithéâtre avec le prof en face de moi.
Moi essayant de prendre des notes et de structurer le tout (quand le plan du cours n'était pas clair) en soulignant, mettant de la couleur.
En recopiant aussi des phrases prononcées mot pour mot.
Je suis à la fois auditif et visuel finalement dans ma façon de travailler.

Et là, @Sous_la_blouse dans un tweet parle d'un MOOC de biostatistiques prévu pour commencer quelques semaines plus tard.

Des biostatistiques, pour un médecin généraliste, finalement, ça sert à quoi ?
A priori à rien.
A priori.

"Best, you've got to be the best. You've got to change the world, and use this chance to be heard" (Butterflies and Hurricane, Muse)
(Le meilleur, tu dois être le meilleur. Tu dois changer le monde, et utiliser cette chance pour être entendu)

Euh... oui mais non.
Ce MOOC n'est pas là pour pouvoir parader en disant ensuite "oh regardez, j'ai un diplôme de Stanford !".
Ok, sur le curriculum vitae ça fait classe, et auprès des instances facultaires je suppose aussi que ça doit faire son effet.
Mais faire 9 semaines de cours, de travaux, de devoirs personnels... et donc d'heures passées et consacrées à ça uniquement, rien que pour avoir un diplôme, c'est peut être un peu exagéré, non ?

Si.

En fait, ce MOOC de biostatistiques pour un médecin généraliste, à quoi ça sert.
Ou plutôt, quel intérêt y ai-je trouvé ?

Déjà : renouer un peu avec les statistiques. J'ai toujours plus ou moins aimé ça.
Ce qui ne veut pas dire que j'aie toujours tout compris, loin de là.
Avant le début de ce MOOC j'ai même ressorti mes cours de statistiques de 1ère année de médecine et... je n'ai pas compris grand chose à mes notes.
Les chapitres étaient bien structurés. Tous indépendants et se suffisant à eux mêmes. J'écrivais encore à peu près bien à l'époque...
Mais je suis un garçon qui aime connaître la finalité des choses.

En gros : ça sert à quoi ??? Et vu que je ne m'en suis pas beaucoup servi de ces statistiques jusqu'à présent ça ne doit pas servir à grand chose finalement.

Mais à y regarder de plus près, je me rends compte que quand je lis un article médical, ou une recommandation qui me dit d'utiliser tel médicament plutôt que tel autre, je vais rapidement jeter un coup d'oeil et chercher la partie qui me parle du petit "p" et voir si cela est significatif.

Pour ceux qui n'y connaissent pas grand chose, on évalue en statistiques la possibilité que les résultats que l'on trouve ne soient que le fruit du hasard. En gros, plus ce p est petit, moins il est possible que ce soit le fruit du hasard.

Oui, mais...
Mais en fait, ce serait un peu réducteur pour les statistiques.
C'est un peu comme si on disait que pour savoir s'il fait beau, il faut regarder par la fenêtre. Si on voit de la lumière, il fait sans doute beau.
Oui, mais beau avec du soleil, ou seulement jour ? Chaud ou frais ? Beau avec un risque d'orages bientôt ou beau pour la journée ?

Parce que, finalement, en statistiques comme ailleurs, on peut s'arranger pour faire dire aux choses ce que l'on a envie de leur faire dire. Et il y a tellement de choses à regarder en plus de ce petit p.

"It's not that I didn't care, it's that I didn't know" (Misery, Maroon5)
(Ce n'est pas que je ne m'en souciais pas, c'est que je ne savais pas)

Oui, quand on ne sait pas, et bien on ne prête pas attention. Ce n'est pas si grave, finalement.
Mais j'enseigne à la fac. Je suis censé avoir un peu plus de connaissances là-dessus pour que ce que je conseille à mes étudiants soit basé sur des preuves solides.
Alors, ce MOOC c'était avant tout pour que je ne me fasse pas rouler dans la farine par certains articles. Et que je puisse apprendre à mes étudiants à faire de même : savoir ne pas se faire avoir par les chiffres.
Mais, bon, je m'inquiète sans doute pour pas grand chose. C'est tout simplement impossible que des erreurs ou une mauvaise utilisation des statistiques puissent intervenir dans la littérature médicale.

Oui.
Impossible.
Enfin... Plus le temps passe et plus les exemples se multiplient.

Alors, savoir, comprendre, ça me permettra un peu plus d'indépendance je crois.

Oui, mais déjà que je ne comprenais pas les notes que j'avais moi-même prises en 1ère année, qu'est-ce qui allait arriver avec des biostatistiques en anglais ??

Je sais que je suis un anglophile convaincu. J'en ai déjà parlé ici. Mais quand même...

Et là...

"Je ne savais plus comment faire pour trouver en moi le courage, J'ai levé les yeux au ciel et là, J'ai vu la lumière, j'y ai baigné mon âme" (Dieu m'a donné la foi, Ophélie Winter)

Une pédagogie tellement différente de ce que j'ai connu ici en France.
Rien de "magistral", tout est expliqué, simplement, même si les choses s'imbriquent parfois, on les évoque en disant bien qu'on y reviendra plus tard.
Avec en plus toute la partie orale retranscrite à l'écrit si jamais des mots inconnus sont utilisés.
Et, comme le décrit parfaitement @Grangeblanche ici, la possibilité de faire une pause pipi, d'être en pyjama, ou dans son lit...

Bon, je vais être franc, j'ai quand même stressé en soumettant mes réponses aux devoirs. Ma femme a souri de me voir appréhender le résultat final (après avoir moins souri de me voir travailler autant). J'ai aussi échangé quelques mails avec @Sous_la_blouse quand il y avait une notion sur laquelle je doutais, pour être sûr d'avoir correctement compris.

Mais, je l'ai fait ce MOOC. Et personne ne m'y avait obligé.

Bref, une expérience enrichissante et qui a clarifié pas mal de choses que je ne comprenais finalement pas très bien, ou pas dans le bon sens.
Et le tout, en ligne, gratuit...
Je vais pouvoir lire et avoir un regard plus aiguisé. Et ça, ça me plaît.

"Et on prend un nouveau départ. Et on démarre une autre histoire. Et on prend un nouveau départ. En laissant faire le hasard" (Une autre histoire, Gérard Blanc)

Enfin, le hasard, le hasard... c'est juste une probabilité à calculer...


3 commentaires:

  1. "Quand il y avait une notion sur laquelle je doutais" mouarf ouais genre je pouvais t'expliquer des trucs ;P Merci pour le boulot en tandem, c'était bien cool!

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  2. "C'est tout simplement impossible que des erreurs ou une mauvaise utilisation des statistiques puissent intervenir dans la littérature médicale."

    > Ce qui est super avec le MOOC de Kristin Sainani, c'est qu'elle a sélectionné des articles d'envergure avec des interprétations parfois douteuses. C'était très constructif, et je suis bien content de l'avoir fait également :)

    Et puis ça donne envie de faire plein d'autres MOOCs dans les semaines / mois / années à venir :-) #maniaque

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  3. Merci pour ce billet.
    Les MG doivent faire des stats car les professeurs n'en connaissent ni l'alpha ni l'omega.
    Les MG doivent faire des stats car Big Pharma interprète à sa sauce les stats des essais cliniques qu'elle a programmés et menés.
    Les MG doivent faire des stats car cela leur permet de lire les articles des grandes revues où les erreurs sont légion (ce qui rend décisif l'open data).
    Les MG doivent faire des stats pour pouvoir mener une information vraiment éclairée avec eux-mêmes et leurs patients : l'analyse bayesienne est le fondement de la décision en médecine.
    Les MG n'ont pas fait de "vraies" stats à la fac car les professeurs ne veulent pas qu'on puisse critiquer leurs interprétations fallacieuses des chiffres.
    Mais, plus généralement, les MOOC sont peu nombreuses en France car ce sont des officines privées qui gèrent la préparation aux concours de médecine : première année et ECN.
    C'est le refondation de la médecine générale.

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