"Une rose pour la vie, une rouge pour l'amour, une noire pour la nuit et une bleue pour le jour. Une jaune pour être speed, une mauve pour être cool, orange pour le rire et marron pour les moules. Une blanche pour être bien, une verte pour la route et Jeanine Jeanine Jeanine pour éviter le pire" (Jeanine médicament blues, Jean-Jacques Goldman)
"Vous
n'avez pas des vitamines pour donner un coup de fouet ?"
"Vous
pouvez me donner quelque chose pour ouvrir l’appétit ?"
"Je
ne dors que 5h par nuit. Comme je me couche à 21h, je suis debout à 2h du
matin. C'est long. Donnez-moi quelque chose"
Combien
de fois entend-on ces questions ?
Il
existerait donc des médicaments miracles que nous, médecins, refuserions de
prescrire de façon habituelle, et que nous ne réserverions que pour les
patients qui nous supplient ?
Un
peu comme une baguette magique que l'on pourrait dégainer, un lapin à sortir du
chapeau, genre "Ta-dam ! Surprise ! Allez, rien que pour vous, voici le
médicament miracle !", alors qu'il m'arrive souvent, face à des patients
âgés, de me sentir impuissant : j'aimerais pouvoir leur venir en aide, soulager
leurs douleurs, mais ils ont déjà tous les traitements possibles et
imaginables.
Certains
vendeurs peu scrupuleux ont flairé le filon et ont investi les journaux
spécialisés "lecteurs d'âge mûr" à grands coups de publicité vantant
les mérites des poudres de perlimpinpin à base de cartilage de requin (parce
que le requin, il n'a pas mal aux articulations alors c'est bon mangez-en) ou
de je ne sais quel extrait de plante qui porte un nom compliqué (parce que ce
que vous ressentez c'est compliqué à décrire aussi, il faut au moins une plante compliquée pour en venir à
bout).
Placer
encore le médicament au centre de tout. Tout le temps.
Attention
: je ne suis absolument pas un anti-médicament ! Ne me faites pas dire ce que
je n'ai pas dit.
Je
dis juste qu'il n'y a pas de médicament à donner pour ce qui n'est pas une
maladie : le vieillissement. Donner des médicaments pour soulager les symptômes oui, mais l'arsenal thérapeutique vraiment efficace est limité.
"Time
keeps running away, no matter what's left behind, it keeps on moving. Tomorrow
is not in today and all of your yesterdays are only a matter of time"
(Time, Anastacia)
(Le
temps continue de s'écouler, peu importe ce qu'il laisse derrière lui, il
continue d'avancer. Demain n'est pas aujourd'hui, et chaque hier n'est qu'une
question de temps)
À
l'heure de la performance obligatoire et de la pression de performance dans
tous les actes de la vie quotidienne, vieillir et en avoir les désagréments qui
peuvent survenir au gré des années, c'est presque devenu une marque de faiblesse.
Alors
que bon, vieillir, c'est vieillir. C'est naturel, c'est physiologique.
Bien sûr, c'est pénible, parfois même très pénible, pour les patients qui souffrent. Mais il
n'y a rien que nous puissions faire à ce sujet.
Rien
à part le prévoir. L'accepter. Et vivre avec.
"On
vieillit comme on a vécu" disait l'un de mes profs de fac. Autant vivre en
acceptant les choses plutôt que de se battre contre des moulins à vent.
"Notre père qui êtes si vieux, as-tu vraiment fais de
ton mieux ? Car sur la terre et dans les cieux, tes anges n'aiment pas
devenir vieux" (Cendrillon, Téléphone)
Personne n'aime devenir vieux. On voudrait tous rester
jeunes, en bonne santé. Combat perdu d'avance.
"Le souci c'est que votre esprit a 20 ans, mais votre
corps 80... et dans ces cas-là, c'est le corps qui gagne la partie" est
une phrase que je dis de temps en temps. Elle fait sourire les patients, qui me
répondent "oui, vous avez raison, c'est un peu ça".
Alors mon message du jour : profitez de chaque instant sans
regretter le précédent ni trop anticiper le suivant. Nous sommes tous chaque
jour un peu plus vieux...
D'ailleurs, va falloir que je me rase le visage : des poils
blancs dans ma barbe, c'est vraiment la loose.
Et puis faudrait que j'aille faire un tour en vélo... et
courir un peu aussi...
Il n'y aurait pas quelque chose pour me donner un petit coup
de fouet là ? Je manque un peu d'énergie, et j'arrive de moins en moins à
dormir longtemps le matin, même le week-end...
Ah ! J'ai trouvé : une bonne tasse de café !
C'est vrai, et du coup l'intitulé de ton blog commence aussi à prouver que tu as toujours 20 ans, enfin... dans la tête... ��
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