samedi 12 septembre 2015

Non coupable ?

"Mais t'es pas là, mais t'es où? Mais t'es où? (pas là, pas là pas là…)" (Pas là, Vianney)

J'avais particulièrement apprécié un cours de philosophie en terminale, au sujet du temps. Le temps qui passe. Et le présent.
En substance, le présent n'est qu'une vue de l'esprit mais n'existe pas. Il ne peut être trouvé car sitôt qu'on en parle, à la seconde même où l'on se croit au présent, il s'agit déjà du passé. 
Le présent est là, mais pas là en même temps.

"Y'a tant de vagues, et tant d'idées, qu'on n'arrive plus à décider le faux du vrai. Et qui aimer ou condamner" (Le paradis blanc, Michel Berger)

Au mois d'août, l'activité de consultation était calme. Beaucoup de patients en vacances. L'aventure Europe 1 battait son plein et n'a pas vraiment bouleversé mes consultations au final. J'espère bien y retourner un jour... qui sait...

Quand j'étais à Paris (oui, c'était bien en direct et à Paris, on me le demande régulièrement), je n'étais pas à Wattrelos (jusque là, logique).
C'est marrant cette impression que j'avais de faire une forme d'école buissonnière alors qu'au final, j'étais absent à peine une demi journée, et je concentrais toutes mes consultations et visites sur le reste de la journée.

Depuis, l'activité a repris de plus belle. Une transition un peu brutale dès la première semaine de septembre. Le planning est plein, déborde, on refuse des patients le jour même (et je peste contre ceux qui n'honorent pas leur rendez-vous puisque, justement, j'aurais pu caser des patients qui ne demandaient que cela !)

Mardi midi, sur ma pause déjeuner, je suis allé faire du sport. Rebelote mercredi (avec le pauvre "coach" qui continue à me supporter et accepte que je fasse mes séances de sport avec lui, parce que je tiens toujours bon sur cette bonne résolution de rentrée).
Vendredi midi, j'ai organisé mes visites le matin pour être à 11h30 à l'école de zébrette et manger avec elle.

Mais faire tout ça alors que j'aurais pu ouvrir encore plus créneaux de consultations, ce n'est pas "bien".
Mais prendre du temps pour soi, pour ses proches, pour se sentir bien justement, ce n'est pas "mal"... si ?

"Quand JE et MOI sont dans un bateau, JE rame et c'est MOI qui tombe à l'eau. Quant au boulot, pendant que JE, l'affreux, n'en fout pas une rame, MOI, besogneux, ne bosse que pour ses impôts.
J'ai deux ego, JE et MOI : Quel duel! Quel duo! Un drôle de jeu entre eux et moi, trente-deux jours par mois, mais s'il n'en reste qu'un, JE sera celui-là. " (Je et moi, Michel Fugain)

J'avais déjà écrit sur le "trépied" qui me semble être nécessaire pour tenir debout de façon équilibrée.
Les sentiments paradoxaux mêlant épanouissement personnel et culpabilité sont quand même perturbants. 

Cette semaine, j'ai participé à une soirée de formation médicale continue. Ou plus exactement j'y suis intervenu pour faire le point sur les hypercholestérolémies. J'aime beaucoup l'exercice (parler des données de la science alors que je n'ai aucun conflit d'intérêt) même s'il est stressant (bouleverser les idées reçues de certains confrères, mais aussi aller contre ce qu'on nous a appris il y a des années). Mais c'était un soir où je n'étais pas à la maison.
J'étais content d'y participer, j'ai la fibre pédagogique, mais j'ai dû laisser Mme et mes zèbres un soir de plus.

Tout comme il n'existe pas de présent, il n'existerait pas de satisfaction sans son corollaire d'insatisfaction ?

"Relax, take it easy for there is nothing that we can do. Relax, take it easy. Blame it on me or blame it on you" (Relax, take it easy, Mika)
(Relax, détends-toi, il n'y a rien que nous puissions faire. Relax, détends-toi. C'est de ma faute, c'est de ta faute)

Prendre le temps de regarder un DVD. "This is it" de Michaël Jackson... 
Avoir des frissons et la chair de poule aux premières notes de chaque morceau... 
Se dire que ça doit être vachement sympa à faire le moonwalk et qu'il faudra que j'essaye... 
Envoyer des tweets, des SMS...
Zoner, parce que le week-end c'est un peu fait pour ça aussi
Sans culpabiliser, ou si peu, de laisser pas mal de travail de côté.

Carpe diem. Profiter du temps présent. Du futur. Plus que parfait.

3 commentaires:

  1. Ce dimanche 13 septembre 2015, je découvre le blog d'un jeune généraliste enseignant. Je suis retraité, absolument pas issu du milieu médical, mais intéressé par nombre de sujets de notre temps.

    L'introduction du blog en date du 12 septembre 2015 m'a interpellé, tant le texte est original. Qu'en pense les Internautes jeunes et moins jeunes, en activité ou non ?

    André - Collectif des Quartiers Nord de Marseille -

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  2. Je ne suis même pas installée depuis 2 ans et déjà ces questions sont quotidiennes... J'ai organisé mon temps de travail pour garder du temps pour moi et ma famille, mais devant la pression des patients et des collègues surchargés, suis-je insensible ? fainéante ? égoïste ? de ne pas travailler plus ??

    Et quand ma fille se plaint une fois de plus de devoir aller chez sa nounou 2 soirs par semaine parce que je travaille, est-ce que je devrais lui consacrer quand même plus de temps ?

    Et quand mon mari voit une de nos soirées ensemble disparaître parce que je suis à une formation, devrais-je annuler ?

    Je pense avoir mon équilibre, mon trépied parfois bancal mais qui tient bon... même si beaucoup cherchent à le faire basculer.

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  3. Mon trépied parfois bancal mais qui tient bon, même si beaucoup cherchent à le faire basculer......Ce commentaire de DOCMAN en date du 14 septembre 2015 met en lumière la réalité du quotidien des salarié(e)s qui doivent jongler entre leur vie personnelle, leur vie familiale, leur vie professionnelle.

    Certaines personnes font le parallèle entre le passé et le présent.

    Les difficultés pour tenter de concilier les impératifs de vie au domicile et hors de celui-ci entraînent des questions qui ne trouvent pas toujours des réponses, et bien souvent amènent à poser encore des questions.

    Etait-ce plus difficile pour les salarié(e)s d'autrefois que de nos jours ?

    Peut-être pas, encore que les avis divergent sur ce point, le contexte de vie et de travail de chaque époque étant différent.

    Le rédacteur de ce billet n'est pas philosophe et son modeste savoir ne lui permets pas toujours d'analyser avec justesse les sujets abordés, d'où l'intérêt des échanges d'informations. A la prochaine !

    André - Collectif des Quartiers Nord de Marseille -

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