"If you don't know me by now, you will never know me" (If you don't know me by now, Simply Red)
(Si désormais tu ne me connais pas, tu ne me connaîtras jamais)
J'ai eu le privilège de croiser la route de quelques-uns de mes collègues médecins et twittos IRL (In Real Life, dans la vraie vie).
Un immense privilège pour moi. Au moins aussi immense que l'admiration que je leur porte. A eux, mais aussi à leurs blogs respectifs, et tout ce qu'il font pour la médecine générale, la faire connaître de tous et surtout des étudiants en médecine. Changer les préjugés, fausses images véhiculées par ceux qui ne connaissent pas ce métier.
Je l'ai écrit dans l'un de mes tout premiers billets : si je tiens ce blog aujourd'hui, c'est grâce à eux.
Ils m'ont encouragé à écrire, moi qui n'osais pas me lancer parce que je n'allais de toute manière pas leur arriver à la cheville.
Et ils m'ont dit de le faire quand même.
Et je ne les remercierai jamais assez pour cela.
Ecrire me fait du bien.
C'est narcissique, égoïste, mais oui, ça me fait d'abord du bien à moi.
Et il faut aussi reconnaître que quand je regarde les statistiques de passage sur mon blog, voir qu'en un an maintenant, plus de 25 000 pages ont été consultées, ça me fait encore plus plaisir.
Et je dois donc vous remercier, vous, qui prenez le temps de lire mes billets remplis de chansons kitsch...
Lors d'une IRL donc, on m'a posé la question "Pourquoi n'es-tu pas anonyme, et est-ce que ce n'est pas plus compliqué pour toi ?"
Et d'emblée j'ai répondu ce que je réponds quand on me demande cela : Mon blog ne relate pas les cas de mes patients. Je n'expose aucun détail médical d'une consultation. Je ne transgresse pas le secret médical et donc pas de réel souci avec mon anonymat.
Quant à dire pourquoi je ne suis pas anonyme... bon... soyons franc : le jour où j'ai créé mon compte Twitter, il y avait une case à remplir avec le nom, une autre avec le prénom, et en bon élève discipliné, j'ai rempli les cases. Pas une seule seconde je n'ai imaginé que je pouvais prendre un pseudonyme, ni que cela pouvait être utile.
"Ton histoire au fond n'appartient qu'à toi, elle fera partie de ces rêves qu'on ne vit qu'une fois. Ton nom bien gravé dans la mémoire des gens qui t'offraient leur doute immense pour seul encouragement" (Alléluia, Lara Fabian)
Oui, mais...
Parce qu'il y a un mais...
On m'a fait plusieurs fois le reproche d'avoir deux casquettes.
Enfin, deux surtout parmi plusieurs.
Je ne suis pas anonyme et j'ai la bonne idée d'être motivé par mon métier, par son enseignement, et un peu touche à tout.
Tout cela m'a conduit, sans que ce soit une seule seconde prémédité, à la présidence du Syndicat des Enseignants de Médecine Générale.
Je n'en parlerai pas plus et vous renverrai directement au site internet du syndicat si vous voulez savoir de quoi il s'agit.
Très très rapidement, on m'a dit "il faudra peut être que tu choisisses la casquette que tu veux assumer". Surtout que cela arrivait après l'opération #PrivésDeDésert et la médiatisation qui en avait découlé.
Donc, être blogueur et engagé n'était pas visiblement compatible.
On m'a dit encore très récemment qu'il pourrait y avoir confusion des messages entre mon statut de blogueur et le poste que j'occupe.
Et je me pose la question encore et encore : est-ce à ce point antinomique ? Ou est-ce que la blogosphère, quand on ne la connaît pas, entraîne une part de méfiance vis-à-vis de ceux qui y sont actifs ?
Je n'arrive pas ce soir à comprendre pourquoi ce reproche m'est régulièrement fait.
J'aurais été anonyme, agirais-je différemment ?
Je ne crois pas.
Alors, me dire que c'est juste une forme de peur de l'inconnu me fait peut être plus accepter cette critique.
"For a strange kind of fashion, there's a wrong and a right. But he'll never, never fight over you" (The Riddle, Nick Kershaw)
(D'une sorte de mode étrange, il y a un vrai et un faux. Mais jamais il ne se disputera avec toi)
Non, je n'ai pas envie de rentrer dans un quelconque conflit.
J'ai mon équilibre et tenir ce blog en fait partie.
J'ai des idées que j'assume sur mon métier et ce que j'estime que devrait être son enseignement. Selon la formule consacrée "Mes tweets et mon blog n'engagent que moi".
Parce que, penser que j'aurais accepté d'endosser une fonction "nationale" pour y servir un intérêt particulier (mais faut m'expliquer lequel), ou pire encore, que je ne saurais pas faire la part des choses entre ce que je fais à titre personnel, et ce que je fais à titre professionnel, ce serait me manquer de respect.
C'est comme si on me reprochait d'aimer le disco et la musique des années 80, de raconter des blagues qui ne volent parfois pas très haut, sous prétexte que je ne peux pas être médecin et personne civile.
Assez surprenant que ces reproches viennent de collègues embarqués avec moi sur le même bâteau.
"Seigneur, protégez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge" (Voltaire, inspiré par Antigone II, Roi de Macédoine)
J'hésite souvent à lever l'anonymat de mon blog. Et l'argument que je n'ai pas encore réussi à contre-carrer est ma position d'interne : les patients que je croise ne m'ont pas choisi, je leurs dois mes histoires. Je me dois donc, par éthique et respect, de rester anonyme. Pour l'instant...
RépondreSupprimerUn sujet riche de réflexions.
Merci de partager ça avec nous, lecteurs anonymes.