jeudi 11 juin 2020

Cassandre

"Yes, I said it's fine before, but I don't think so no more. I said it's fine before, I've changed my mind, I take it back. Erase and rewind" (Erase/Rewind, The Cardigans)
(Oui, j'ai dit que c'était bon avant, mais je ne le pense plus. J'ai dit que c'était bon avant, j'ai changé d'avis, je retire ce que j'ai dit. Efface et rembobine)

Dans la tête d'une grande partie de la population, l'épidémie est finie.
Certes on en parle encore, mais maintenant c'est loin, en Amérique du Sud, en Afrique ou ailleurs, mais loin.
Et puis, finalement "ils" ont dit dans les journaux qu'il y avait eu des morts, mais Tonton machin, Tata truc, ou Mamie et Papy, ils sont en pleine forme.
Et les complotistes de dire que ce virus n'a peut-être pas existé, que c'était une invention pour nous rendre plus dociles bla-bla-bla...

Les héros de la nation, ont été applaudis tous les soirs à 20h.
"Ils ont fait un travail si extraordinaire. Nous sommes si fiers d'eux".
Traduisez par "Faites pas les cons les mecs, on a peur de mourir alors débrouillez-vous pour qu'on reste en vie".
L'épidémie est finie en façade.
Alors, on recommence à dire qu'en fait les héros de la nation, ils sont héros parce qu'ils l'ont bien voulu/cherché aussi. Ils ont passé un concours en bossant dur, ils le savaient.
"T'as signé, c'est pour en chier".
Et puis, ils vont quand même pas venir se plaindre de ne pas être payés assez, on leur paye grassement leurs études. Ils nous devaient ce dévouement lors de l'épidémie. 
Quand même. Faut pas abuser. Ils veulent quoi ? Une médaille peut-être ?


"Dans les poulaillers d'acajou, les belles basses-cours à bijoux, on entend la conversation de la volaille qui fait l'opinion. Ils disent : On peut pas être gentils tout le temps, on peut pas aimer tous les gens. Y a une sélection. C'est normal. On lit pas tous le même journal" (Poulailler song, Alain Souchon)

Les enseignants ont fait un travail formidable.
Beaucoup se sont rendus compte que leur enfant n'était pas surdoué mais juste un enfant qui a besoin de bouger, comme nombre d'enfants.
D'autres ont compris ce que les enseignants entendaient par "votre enfant a un peu de mal à se concentrer" alors qu'ils avaient des œillères à ce sujet jusque là.
Les enfants ont continué à garder un contact avec l'école. Dans leur immense majorité, les enseignants ont mal vécu le confinement car ils aiment leur métier, ils aiment les enfants à qui ils enseignent, et savaient très bien lesquels allaient subir les conséquences de cette absence prolongée de scolarisation et se sont inquiétés pour eux et leur avenir.
Mais bon, en même temps, c'est pas parce qu'ils ont fait 3 feuilles photocopiées et 2 séances de visio qu'ils ont justifié leur salaire. Quand même, mon enfant, en 2h, il avait torché son boulot. Donnez-moi du travail de l'année prochaine, je vais vous montrer, moi, ce que c'est que de le faire avancer mon chérubin. Je vais vous apprendre un peu votre métier, tire-au-flanc !

"Le passé c'est comme de la poussière qu'on souffle sur un meuble. Les particules qui dansent dans le soleil disparaissent toutes seules" (Tout c'qui nous sépare, Jil Kaplan)

Le monde d'après. Un monde à reconstruire.
J'ai cru que cette pandémie allait être un électrochoc. Que le monde allait enfin se réveiller, se rendre compte de la valeur de certaines professions indispensables et la futilité de certaines autres. Que l'humain allait reprendre sa place, dans la communauté, et que cette même communauté signifierait quelque chose.
Qu'on allait prendre soin de son prochain tout autant que de soi.
Mais bon, c'est pénible de respirer avec ce masque tout le temps, alors je laisse dépasser mon nez, sinon j'aime pas. Et puis bon, ils nous embêtent aussi avec leurs mesures pénibles là. On aimerait bien pouvoir vivre comme avant. Après tout, on a survécu, nous. C'est sûrement parce qu'on est l'élite, la crème de la crème de l'humanité. Alors je veux faire ce que j'ai envie de faire.

"Help me to decide, help me make the most of freedom and of pleasure. Nothing ever lasts forever. Everybody wants to rule the world" (Everybody wants to rule the world, Tears for Fears)
(Aide-moi à décider, aide-moi à profiter du plus de liberté et de plaisir. Rien ne dure toujours. Tout le monde veut gouverner le monde)

La vie reprend son cours. Son cours d'avant. Le monde retourne à ses vieilles habitudes. On continue de compter les morts. Mais c'est un peu comme si beaucoup avaient intégré cette notion et étaient passés à autre chose.
C'est quand même dégueulasse d'avoir annulé tous les festivals et tous les grands rassemblements. J'aimais bien moi. Puis bon, ce virus, là, il touche surtout les vieux. Les festivals c'est un truc de jeunes.

Le monde d'après, c'est le monde d'avant, avec des masques (parfois)

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