"A happy girl, a happy boy, a happy son, a happy friend all living in a happy world, all living in a lonely world" (Naive song, Mirwais)
(Une fille heureuse, un garçon heureux, un fils heureux, un ami heureux vivant tous dans un monde heureux, vivant tous dans un monde seul)
Ce billet me démange depuis un moment.C'est quoi le bonheur ? Qu'est-ce qui nous rend heureux ?
Je lis régulièrement sur les réseaux sociaux ou ailleurs des messages ou des billets très inquisiteurs sur le bonheur. Un peu dans l'idée de "C'est quand le bonheur" de Cali.
Comme si le bonheur ne dépendait que des autres, et jamais de soi.
"- Docteur, ça ne va pas du tout. Mon mari fait la cuisine, mais il n'écoute rien de ce que je lui dis. Il n'en fait qu'à sa tête. Pourtant je lui dis comment faire. Moi je sais. Mais il veut pas m'entendre. Il me rend folle à ne rien faire comme je le veux.
- Donc ce qui ne va pas c'est que votre mari (de 83 ans) ne vous obéit pas ?
- Non. Enfin oui. Enfin... ce serait tellement plus simple s'il faisait ce que je lui dis"
Le bonheur, c'est uniquement l'autre qui peut l'apporter, si j'écoute cette patiente. Ou plus exactement, le bonheur, c'est quand le monde tourne comme "Je" l'a décidé. "Je" est donc heureux en dictant la conduite des autres.
Le bonheur de "Je" est une dictature.
"Quand JE et MOI sont dans un bateau, JE rame, et c'est MOI qui tombe à l'eau. Quant au boulot, pendant que JE, l'affreux, n'en fout pas une rame,
moi, besogneux, ne bosse que pour ses impôts." (Je et Moi, Michel Fugain)
On pourrait multiplier les exemples à l'envi. Cette attente contemplative d'un évènement extérieur qui amènerait ce bonheur "parce que j'y ai droit".
J'ai un peu l'impression qu'à ce jeu là, on peut attendre longtemps. Toute une vie même.
"I was an impossible case, no-one ever could reach me. But I think I can see in your face there's a lot you can teach me. So I wanna know, what's the name of the game ? Does it mean anything to you ?" (The name of the game, ABBA)
(J'étais dans une situation impossible, personne ne pouvait m'atteindre. Mais je pense que je peux voir sur ton visage que tu peux m'apprendre beaucoup. Alors j'aimerais connaître le nom de ce jeu ? Est-ce que ça te dit quelque chose ?)
S'ouvrir aux autres. Partir du principe que le bonheur vient de l'autre par ce qu'il peut nous apporter et pas ce qu'on attend de lui.
Jouer le jeu du bonheur, sans exiger rien de personne, et juste prendre les choses comme elles viennent.
Le bonheur qu'on décrète plutôt que celui qu'on subit.
Bon... on frôle la bisounourserie quand même ?
Une amie a cité récemment dans un autre contexte le discours inaugural de Kennedy "ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays". Adapté à la recherche du bonheur, je dirais : n'attendez pas qu'on vous apporte le bonheur, mais œuvrez en permanence pour le créer.
Il y a une forme d'égoïsme dans le bonheur ?
"Qu´est-ce qui les fait sourire encore, ces gosses des rues, toujours dehors, entre la peur et la loi du plus fort ? Est-ce qu´ils sourient pour la photo, ou parce que pour sauver sa peau, les autres et la misère, c´est déjà trop?" (Ne m'oublie pas, Michel Fugain)
On pourrait se dire que le bonheur dépend des conditions matérielles. Le bonheur, c'est vivre dans des draps de soie, en partant en vacance sur un yacht au milieu d'eaux bleu turquoises.
J'exerce dans une ville du nord, dans un quartier pas forcément très favorisé. Ce qu'on appelle le "niveau social" en terme de richesses n'est pas très important.
Et pourtant je ne soigne pas des patients tristes. Certains sont même des mines de bonheur à ciel ouvert.
"Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux. Il faut se satisfaire du nécessaire : un peu d'eau fraîche et de verdure que nous prodigue la nature, quelques rayons de miel et de soleil" (Le livre de la jungle)
Je me dis parfois que les dictateurs de bonheur, jamais satisfaits de
ce que les autres peuvent apporter, devraient peut-être aller faire un
tour dans des pays très défavorisés et voir à quel point les enfants
peuvent tout de même être heureux.
Je me dis aussi qu'un jour, je devrais y faire un tour moi-même, pour apprendre à relativiser les
fois où je ne suis pas content, où je me plains de telle ou telle chose. Pour voir que le bonheur, c'est de vivre, avant tout.
Mais être heureux, ça s'apprend ?
"T'es du parti des perdants, consciemment, viscéralement. Et tu regardes en bas, mais tu tomberas pas tant qu'on aura besoin de toi.
Et tu prends les bonheurs comme grains de raisin, petits bouts de petits riens" (Famille, Jean-Jacques Goldman)
On peut ne pas avoir une forte confiance en soi et pourtant prendre la vie comme elle vient.
J'ai fait ce choix.
Je ne brille pas par ma confiance en moi, je pense que je me pose beaucoup (trop) de questions en permanence, mais j'aime me dire que le bonheur réside dans de petites choses.
Faire plaisir à mes zèbres.
Appeler ma femme sur la route, même si je serai là dans moins de 5 minutes.
Passer une après-midi à jouer au Time's up.
Aller rencontrer des twittos dans la vraie vie et parler tranquillement comme si nous nous étions toujours connus.
Lire les billets, les blogs, les merveilleux livres de ces mêmes twittos-amis. Etre fier de les connaître, comme on peut être fier de connaître de belles personnes.
Ca ne m'empêche pas de râler, bougonner, bien sûr. Je suis humain.
"J'ai décidé d'être heureux parce c'est bon pour la santé" disait Voltaire.
Nous avons placé cette phrase en grand dans la maison pour y penser tous les jours.
Peu importe les évènements que la vie peut nous réserver, bons ou mauvais, car il y aura forcément les deux, on peut tenter d'être heureux si on le veut.
"Look at me standing here on my own again up straight in the sunshine. No need to run and hide, it's a wonderful wonderful life. No need to laugh and cry it's a wonderful wonderful life" (Wonderful life, Black)
(Regardez-moi ici encore, debout sous le soleil. Pas besoin de courir ou de se cacher, c'est une vie merveilleuse. Pas besoin de rire ou de crier, c'est une vie merveilleuse)
Chaque jour suffit sa peine.
Chaque jour porte aussi son lot de bonheur. Si "Je" veux.
Ah le bonheur...
RépondreSupprimerC'est drôle, à la différence de la santé, on se rend compte de son importance surtout quand on l'a.
Un peu comme l'amour. La chance.
À l'âge adulte, le bonheur se déciderai presque, comme tu cites Voltaire. C'est un nonchalant qui flâne toujours pas très loin, il faut lui ouvrir la porte en grand quand il se présente, comme pour un invité de qualité. Tout lui concéder. Ainsi à l'aise avec nous, il aura envie de revenir plus souvent.
Le bonheur n'aime pas les tristes?
Jamais, c'est les tristes qui n'aiment pas les gens heureux!
Envier le bonheur, c'est oublier qu'il n'appartient à personne mais à tout un chacun.
JE n'à qu'à bien se tenir!