"Relax don't do it, when you want to go to it. Relax don't do it, when you want to come" (Relax, Frankie Goes to Hollywood)
Comment communiquer efficacement avec le patient ? Voilà une question qui m'est souvent posée pendant les cours que je fais aux internes de médecine générale.
Communiquer efficacement, c'est d'abord se faire comprendre. Cela paraît évident.
Mais se faire comprendre suppose de maîtriser le message que l'on envoie.
La chanson que j'utilise pour ouvrir ce billet peut se comprendre facilement.
"Relaxe-toi, ne fais plus rien si tu sens tu touches au but" si on tente une traduction très approximative. Ah une chanson typique années 80. Je suis sûr que vous l'avez bien en tête en ce moment même. Sinon vous pouvez toujours aller l'écouter là. (Au passage, la musique des années 80 j'adore, mais les clips, c'est autre chose).
Se relaxer, se détendre. Dans nos univers trop stressés et trop pressés. Oui je comprends le message. Le groupe a réussi sa communication.
Ou pas.
Parce que cette chanson a fait couler beaucoup d'encre et a été l'objet d'une vraie polémique outre-Manche.
Et si je vous dis que cette chanson a plutôt été écrite avec le thème de l'éjaculation prématurée ? Vous la comprenez comment, maintenant ?
Certainement comme la multitude de lecteurs qui vont être attirés sur cette page uniquement en ayant tapé ce thème dans un moteur de recherche...
Du coup, avec nos patients, comment ça marche ? Parce que si je leur dis "blanc" comment je peux savoir s'il n'ont pas compris "écru" ou "blanc cassé" ou même "gris clair par un jour de grand soleil" ?
C'est là qu'il faut faire intervenir la reformulation. Dire avec ses mots ce que l'on pense avoir compris du discours de l'autre. Pas une mince affaire !
Pourtant, c'est vraiment la base de la consultation en médecine générale : toujours s'assurer que le patient a bien compris ce que nous lui avons dit, et toujours s'assurer que nous avons bien compris ce que lui a voulu nous dire.
"Elle me dit "Oui un jour tu me tueras" et c'est quand elle me dit ça qu'elle me dit un truc que j'aime" (Elle me dit, Mika)
Quand nous parlons d'un diabète, pour ne pas effrayer le patient, la plupart des médecins vont parler d'un diabète débutant, voire d'un "petit diabète".
Qu'est-ce que le patient va entendre ?
C'est un petit donc c'est pas grave ? Alors pourquoi aller les embêter avec un suivi régulier, un traitement, un fond d'oeil et tutti quanti ?
Nous devons donc sous-peser chacun de nos mots.
Prendre le temps de se comprendre et se faire comprendre.
Il s'agit là de 50% de notre métier à mon avis.
Du temps précieux au cours duquel nous allons expliquer pourquoi nous allons ou nous n'allons pas prescrire un médicament ou un examen complémentaire.
"Et si j'te comprends pas, apprends-moi ton langage" (Oh ! J'cours tout seul, William Sheller)
Oui, trouver un langage commun. C'est primordial.
Ne pas se réfugier derrière notre jargon médical qui nous rassure.
Ne pas non plus prendre les patients pour les premiers des imbéciles. Ils sont capables de comprendre beaucoup de choses pour peu qu'on prenne le temps de leur expliquer.
Si seulement il n'y avait pas ce stupide paiement à l'acte qui gâche tout...
"Tu me dis que rien ne sert, la parole ou le temps, qu'il faudra une vie entière pour un jour faire semblant" (Beau malheur, Emmanuel Moire)
Il ne faut pas se décourager. Apprendre à communiquer c'est long et difficile.
Mais c'est indispensable pour que nous puissions faire notre métier avec au centre de toutes nos préoccupations : le patient.
Être Spécialiste en Médecine Générale, c'est aussi savoir être polyglotte.
Et oui, ce que je dis n'est pas ce qu'il entend; Merci pour ce joli post Doc, au plaisir de vous lire. Iris
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