dimanche 25 novembre 2012

L'effet papillon

"Car aujourd'hui, si l'existence ici, ne se résume qu'à la survie. Il faut savoir qu'une aile de papillon peut tout changer pour de bon" (Sa raison d'être, Ensemble contre le sida)

Si je devais définir l'une des philosophies qui m'anime, ce serait la finalité.
Je pense qu'une bonne partie de ce qui nous arrive n'est pas due au hasard.

Attention, je n'entends pas par là que nous ne serions pas maîtres de nos vies. C'est juste que je pense que nous faisons sans cesse des choix.
Même minimes, ces choix nous amènent à faire de nouvelles rencontres et font prendre à nos vies des directions que nous n'aurions peut-être jamais imaginées.

Après, chacun est libre de mettre derrière cette philosophie ce que bon lui semble : intervention divine, libre arbitre...

Mais rien n'arrive jamais vraiment sans une raison particulière. Sans une finalité bien précise.

J'ai choisi de faire de la Médecine Générale mon métier. Je me souviens qu'étant enfant, j'avais été un peu fasciné par mon médecin généraliste : j'étais arrivé malade, il m'avait examiné, griffonné des noms plus ou moins lisibles sur une ordonnance et m'avait soigné.
Cette consultation précise me revient souvent en mémoire. Elle n'avait rien de particulier. Une consultation pour une infection ORL banale. Et pourtant, elle a, je pense, pesé lourd dans mon choix de spécialité.

J'ai fait partie d'une chorale étant jeune.
Ma femme a une sainte horreur du téléphone. Surtout quand elle ne connaît pas l'interlocuteur.
Elle avait vu ma chorale en concert. Bon, je vous arrête tout de suite, elle n'a pas été subjuguée par moi... Elle a juste eu envie de nous rejoindre et chanter avec nous.
Mais pour cela, il a fallu décrocher le téléphone. Et là, elle est tombée sur un répondeur... Elle a quand même fait le choix de raccrocher, préparer le message qu'elle voulait laisser et a rappelé. Une deuxième fois.
Alors, qu'elle a horreur du téléphone...
Grâce à ce simple coup de fil, une quinzaine d'années et trois zèbres plus tard, je me dis qu'elle a rudement bien fait !

Quand j'ai fini mes études médicales, j'étais tellement content d'en avoir fini avec l'université et des études qui me semblaient inadaptées... de ne plus avoir à remettre les pieds à la faculté...
J'ai participé à une soirée de formation sur les vaccins. C'était une soirée à laquelle j'étais un peu allé avec les pieds de plomb... Une bonne dose de flemme associée à une petite touche de caractère casanier... Mais j'y étais allé quand même. Je ne sais pas pourquoi je m'étais décidé finalement.
La formation était expertisée par un médecin généraliste. Membre du Collège National des Généralistes Enseignants. Et enseignant à la faculté de Lille. Je suis allé lui parler à la fin de cette formation.
Je suis aujourd'hui vice-président du collège lillois des enseignants de médecine générale, président depuis quelques jours du syndicat national des enseignants en médecine générale...

Il y a quelques années, pour répondre à une énième sollicitation d'un ami, je me suis inscrit sur Facebook, en me disant que c'était un truc de jeune ado et que bon, je ne voyais pas trop l'intérêt de cela. Je me suis quand même inscrit, un peu pour me dire que je n'étais pas si vieux et faire plaisir à cet ami. Ce réseau m'a permis de renouer un peu de contact avec des amis de primaire, de collège ou de lycée que j'avais perdu de vue.
Du coup, quand j'ai commencé à entendre parler de Twitter, je me suis dit que je n'allais pas renouveler la même appréhension à priori.
J'ai crée un compte. Je n'ai pas tout compris au début. Et puis je ne comprenais pas comment ça marchait. J'y suis quand même resté. J'ai commencé à discuter avec quelques twittos... Un certain Borée, une certaine Jaddo...
J'ai même découvert que Gélule, dont j'avais connu le blog lors d'une présentation faite par un certain Dominique Dupagne au congrès de Nice, était aussi sur Twitter. Et même que tout ce petit monde me répondait quand je les interpelais.
Les discussions ont continué... jusqu'à la rencontre IRL (In Real Life, dans la vraie vie). Au congrès de Nice aussi. Une rencontre entre passionnés...
Il y a quelques mois, j'ai reçu un mail de DrFoulard. M'invitant à me joindre à un groupe de discussion et de réflexion.
En est né un manifeste pour proposer des solutions pour lutter contre les déserts médicaux. Puis l'opération #PrivésDeDéserts. Et une rencontre avec la Ministre de la Santé...

Et si cette rencontre était le battement d'ailes de papillon qui entraînera des changements et fera que le métier de Médecin Généraliste évoluera ?

Pas uniquement sur la base de nos propositions.

Mais juste le battement d'ailes qui amorcera un changement.

Juste l'effet papillon...

5 commentaires:

  1. Bien d'accord avec toi. Pour autant, les choses ne sont jamais ce qu'elles semblent, elles deviennent ce que nous en faisons.
    Quand à moi j'espère avoir la chance de rencontrer quelques uns d'entre vous IRL un jour.

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  2. J'espère bien que cette petite aile de papillon que tu décris va enclencher une tornade de choses positives pour la médecine générale.
    (Ben moi je suis bien contente de t'avoir envoyé un tweet au congrès de Bordeaux. Même si j'avais pas osé te parler le jour-même - quelle idiote - :)

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  3. J'aime ton histoire. Je suis allée sur Twitter au mois de mars sans rien comprendre. J'ai mis des mois. Un jour j'ai discuté avec un confrère maître de stage qui m'a donné envie d'essayer. Je suis maître de stage depuis le 1er novembre. Je n'aurais jamais fait cette démarche sinon. Merci à @phbismuth au passage. Bon vent comme président .

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  4. Ça tient souvent à peu de choses. S’en est même parfois effrayant.

    Et encore félicitations pour la présidence :-)
    C’est une bonne chose pour nous tous.

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  5. Très bel article docteur, j'aime bcp cet enchainement d'anecdotes.

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